
Ce blog, c’est ma vie au Koweït mais c’est aussi une trace de mon évolution personnelle. Les débuts de ma vie de jeune adulte et des changements que je prends plaisir à noter… Et à observer.
L’autre jour, alors que je scrollais inlassablement sur instagram, je suis tombée sur un compte satirique ou sarcastique ou je ne sais pas trop. Il y avait cette citation qui m’a fait rire… Sur fond noir, il était écrit que si je suis célibataire à 30 ans, ça veut dire que j’ai statistiquement évité mon premier divorce. D’abord j’ai ri, ensuite j’ai réfléchi.
La situation amoureuse, un véritable sujet ?
Ca a été mon premier axe de reflection : sérieusement ? J’ai toujours pensé que ma situation amoureuse était quelque chose du domaine du privé, de l’intime. Et en fait, je réalise que non. Articles sur comment bien vivre son célibat et comptes insta créés pour rassurer la gente féminine, il semblerait que le célibat soit … un véritable sujet. Plus que la guerre au Yemen.
Un sujet sur lequel il faut écrire des lignes et des lignes, sur lequel il faut s’arrêter pour comprendre pourquoi. Le célibat est un sujet important, interessant ! Comment ça se fait que, toi qui es si jolie et si intelligente, tu sois toujours célibataire ?
Est-ce que, vraiment, ma situation amoureuse est plus importante que l’achat de ma maison, ma carrière, mes projets et mes envies ? Apparemment, oui. Ca reste, pour moi, quelque chose d’assez étrange… Dans tous les magasines féminins que j’ai lu, les conseils étaient dans le seul but de satisfaire le reste du monde plutôt que moi.
A 16 ans, je lisais des articles qui m’expliquaient que ce n’était pas grave d’être célibataire à 16 ans… Que j’avais encore le temps.
A 25, c’étaient des articles qui expliquaient aux célibataires comment trouver l’amour… Parce qu’on a plus trop le temps.
Aujourd’hui, j’ai l’impression que le monde entier me regarde comme si c’était trop tard.
Sauf que, moi ça va…

La relation amoureuse : loin d’être un rêve
La dernière fois, alors que je parlais avec ma mère, j’ai réalisé que des rêves, je n’en ai pas. Le rêve n’apporte pas chez moi une certaine satisfaction, le rêve ne m’apporte que frustration. Mes rêves deviennent rapidement des objectifs puis des projets.
Avoir une famille n’est ni un rêve, ni un objectif, ni un projet. Quand j’étais petite et que je m’imaginais grande, je me voyais dans une maison à la campagne. Dans cette maison, il y avait cette grande pièce pleine de livres – avec une échelle en bois pour attraper les livres sur l’étagère du haut – et un fauteuil en vieux cuir. Et je me voyais assise là, lisant un livre et replaçant correctement mon châle autour du cou.
Avec un chat, évidemment.
Je n’ai jamais imaginé une maison pleine d’enfants. Je n’ai même jamais imaginé un mari, dans cette maison pleine de livres. Et je n’ai jamais vu ça comme quelque chose de malheureux. Sauf que, je suis sûre que vous avez lu ça et que vous avez pensé quelque chose comme oh ! ça changera quand tu trouveras le bon.
Permettez-moi de changer quelques tournures dans cette phrase : oh ! ça changera si tu trouves le bon.
Je ne veux pas d’enfants. J’aimerais rencontrer quelqu’un et me dire qu’il a des gênes qui me conviennent suffisamment pour les mélanger aux miens. Et qu’ensemble on éduque un petit être qui soit une bonne personne pour le monde de demain. Je comprends que certaines femmes aient des envies viscérales d’enfants – je ne juge pas – mais ce n’est pas mon cas.
Evidemment les gens, les pensées et les opinions changent. Cependant, la famille n’est pas un rêve – projet ou objectif – pour moi. Et je n’ai, autour de moi, aucun couple qui me donne envie de faire pareil. Même s’ils ont l’air heureux dans cette vie, je n’y trouve pas mon compte.

La pression sociale autour du célibat.
La crise Covid-19 a été difficile parce qu’il n’y avait pour moi aucun moyen d’échapper à la solitude. Célibat et solitude ne sont pas forcément liés. Dans cette situation, le couple et la famille étaient les seuls moyens de ne pas être seule. Être seule du matin au soir, marcher les 2 heures par jour seule, discuter avec mon chat, attendre des coups de fil et n’avoir personne avec qui dîner a été difficile. En réalité, la privation de mes libertés a été un véritable coup de massue.
Mais sur les reseaux, des inconnus prenaient de mes nouvelles parce que, oh ça doit être difficile d’être seule durant cette periode. Oui, c’est vrai. Mais ce qui a été le plus difficile, c’est d’être prise en pitié par des gens qui ne connaissent pas ma vie. Alors oui, ça partait d’un bon sentiment. Mais je pense que j’aurais été aussi stressée et angoissée si j’avais été entourée. C’était dificile d’être au milieu d’une pandémie, être seule finalement, c’était juste une pierre en plus dans le sac.
Et c’est ça, pour moi, la principale difficulté du célibat. Les ami(e)s en couple qui disent nous quand je parle à la première personne. C’est de devoir perpetuellement répondre à la question avec qui ? sans jamais pouvoir la poser.
Parfois, après avoir passé du temps avec quelqu’un qui n’a parlé que de son couple, je me sens comme une moins que rien. Avoir passé du temps avec un(e) célibataire qui n’a parlé que de son célibat me déprime. Pourquoi ne prenons-nous pas plus de temps pour développer qui nous sommes afin de pouvoir en parler ?

Ma liberté, nécessaire à mon épanouissement.
Moi, je tombe amoureuse comme on change de chemises. Et parfois, je jette mon dévolu sur un garçon qui ne me convient absolument pas et je fais en sorte que ça fonctionne. C’est comme ça que je suis restée un an et demi avec un garçon qui était dans l’incapacité de voir un futur avec moi… Ou que j’ai vécu avec un type autoritaire et contrôlant quand moi, ce que je veux, c’est la liberté. La liberté d’être qui je suis, de faire ce que je veux et d’aller où je veux.
La liberté, c’est un concept qui change selon où on en est dans notre vie. C’est variable, ma liberté n’est pas la vôtre. Vivre seule m’a appris à prendre soin de cette liberté, à la cultiver et je n’ai jamais été dans une relation qui me convenait assez pour voir la liberté autrement.
L’ex petit ami controlant et autoritaire va se (re)marier et se permet de me donner des conseils pour être heureuse dans une relation. Il m’expliquait que je devais lâcher prise et qu’il fallait que je comprenne qu’on n’aime jamais quelqu’un pour ce qu’il est et qu’il est necessaire, pour les deux membres du couple, de faire des compromis. De changer. D’être un peu quelqu’un d’autre.
En 31 années de vie, j’ai appris une chose : changer qui je ne suis ne mène qu’à mon échec personnel. Je deviens une autre et cette autre est aigrie. Alors, j’ai beaucoup réfléchi et je n’ai plus aucun problème à le dire.
C’est pas grave si je ne trouve personne avec qui mélanger mes gênes. Ce qui compte, c’est que mon passage sur cette terre soit un passage heureux. Et pour le moment, à 31 ans, célibataire et sans enfant, je le dis sans hésiter. Mon passage sur cette Terre est un passage plutôt très heureux.