
Un peu plus d’un mois après le premier article, énormément de choses ont changé par rapport au Covid-19. Et je pense que ça changera encore !
Voici un petit résumé en une phrase pour ceux qui ne veulent pas lire. Il y a mois, tout était fermé et on devait reprendre l’école le 29 mars.
Reprise de l’école ?
Le 19 mars, soit dix jours avant le jour donné pour réouvrir les écoles, le Ministère a annoncé la fin de l’année scolaire. La reprise des cours avait été annoncée pour le 4 aout, un changement total du calendrier, totalement incompatible avec le programme français.
D’un coup se pose une vraie question : pouvons-nous nous aligner au calendrier scolaire officiel de l’AEFE si nous faisons le troisième trimestre à partir d’aout ? Je n’aurais pas aimé être le proviseur de l’établissement. Ni l’inspecteur de la zone… Ni quelqu’un qui travaille à l’AEFE !
Je suis juste une enseignante à qui l’ont dit finalement qu’il va falloir continuer le travail à distance jusqu’à juin. Ca change la donne. Travailler à distance avec des élèves de 5 ans pendant un mois n’est pas la même chose que terminer l’année scolaire à distance…

Malgré l’investissement et la recherche de solutions de la part du Lycée, nous ne sommes pas prêts à affronter une telle situation. Personne ne l’est. Nous ne sommes pas prêts mais nous devons le devenir. Il faut faire preuve de compréhension et il faut surtout s’adapter. Il faut apprendre et se former sur le tas.
On tente des choses, nous sommes nous même rongés par le stress parce que c’est difficile de différencier, c’est difficile de s’adapter aux difficultés. Qu’il faut prendre en compte les situations personnelles de chaque enfant. Et un peu oublier la nôtre. Les parents ne sont pas enseignants, certains travaillent encore. C’est difficile de les orienter le mieux possible.
Je décide de faire un format vidéo afin d’être un peu présente, même chez eux... Tous les jours, j’envoie du travail écrit accompagné de vidéos pour montrer et expliquer comment faire le travail. Je fais mes rituels en vidéo… C’est vraiment étrange parce que, soudainement, on travaille mais sans l’énergie et l’amour que l’on reçoit des petits loups.
C’est la preuve qu’être enseignant est loin de n’être qu’un transfert de savoirs.
Un quotidien rythmé par un couvre feu
Quelques jours après l’annonce de la fin de l’année, on apprend la mise en place d’un couvre feu. De 17h à 4h du matin, nous devons rester chez nous.
La première fois qu’à 17h, sur mon balcon, j’entends le silence du Koweït, j’ai les larmes aux yeux. J’ai les larmes aux yeux de peur, comme une enfant face à quelque chose de terrifiant. Le silence dans un endroit bruyant a quelque chose de très angoissant.
Je regarde les lumières du jour décliner dans un silence… de mort. Je me rappelle que, quand j’étais petite et que nous passions à côté d’un cimetière, ma mère coupait le son de la radio. Et dans les cimetières, il y a toujours ce silence. Je n’ai jamais trouvé ce silence angoissant parce que bon, le cimetière se doit d’être un endroit calme et silencieux.
Mais depuis quand la ville est un endroit calme et silencieux ? À la place des moteurs des voitures, on peut entendre le chant des oiseaux. Je n’ai jamais entendu les oiseaux aussi clairement de chez moi. Avant ce couvre feu, je pouvais encore croire que tout allait bien. Mais là, impossible. A partir de 17h, la ville se tait.
Quelques jours plus tard, le couvre-feu est étendu jusqu’à 6 heures du matin. Impossible d’aller courir au lever du soleil. A 6 heures, le soleil est déjà haut dans le ciel.

L’explosion des contaminations
Ce que je redoutais est arrivé. Un jour, sur Instagram, le ministère de la santé annonce le premier patient contaminé « under investigation ». Jusqu’ici, nous arrivions toujours à savoir d’où le patient avait attrapé le Covid. Parce qu’il avait voyagé ou parce qu’il avait été en contact avec quelqu’un ayant voyagé.
Tant que l’on peut tracer le virus, savoir d’où il vient, ça va.
Le 30 mars, le premier cas « under investigation ». Le lendemain, un autre. Et ça continue, jusqu’au 3 avril, où le ministère recense 75 nouveaux patients contaminés. L’angoisse, calmée jusqu’alors, revient. Le lendemain, premier décès et 62 nouveaux patients. A chaque fois, plus de la moitié est « under investigation ».
Et ça continue d’augmenter chaque jour. Des nombres que nous n’avions jamais vu, 99 nouveaux patients, 109 nouvelles contaminations, et le nombre croissant « under investigation ».
Ca veut dire que… Ça y est, le virus est dans le pays. On se prépare à des mesures de plus en plus restrictives.
Des zones fermées
Le 6 avril, des zones complètes sont fermées. Des grillages autour. Interdiction d’entrée et de sortie sans permission. Sentiments très étranges que de voir les photos et je réalise que je suis finalement plutôt chanceuse d’être dans ma situation.
Malgré tout, il n’y a pas de grillages autour de ma ville, je me sens quand même toujours relativement libre.
Le gouvernement koweitien suit toujours l’adage « mieux vaut prévenir que guérir ». Ils ont identifié les clusters et essayent d’empêcher la propagation. Je ne sais pas comment ça se passe pour les accès aux soins et à la nourriture. J’ose espérer que ça va.
La rumeur court sur ces mesures appliquées à toutes les zones. Ou un couvre feu total. Je ne sais pas comment ça va s’organiser si cela se fait. Mais voilà, nous sommes dans l’attente.
Une communication claire et précise
Une des raisons pour lesquelles je me sens bien ici pendant cette période, c’est la communication claire et précise de la part du gouvernement.
Comme tout le monde, j’ai mon avis sur la question. La Chloroquine, le port du masque, les libertés individuelles. J’y pense et j’en parle, j’ai mon avis là dessus. Mais apparemment, je ne suis pas une experte donc personne ne s’en occupe, de mon avis. J’ai décidé simplement de suivre ce qui est dit.
Quand ça sera réglé, je pourrais parler de choix et de libertés.
Pour le moment, chaque jour, sur Instagram, je lis le nombre de nouveaux patients contaminés. Je sais ce que je peux faire et ce qui m’est interdit. Je sais que la temperature de chaque personne qui entre dans un magasin est prise.
Les gens qui arrivent de l’étranger sont placés dans des quarantaine obligatoire. Dans des hôtels 5* en bord de mer, pour certains. Fenêtres fermées à clés. Après, il y a une autre quarantaine à la maison.
C’est évidemment compliqué d’éviter les rumeurs et les revendications de chacun. Impossible de passer à côté de la situation en France. C’est difficile de garder son calme.
Mais au moins, au Koweït, je sais où j’en suis. Tout est fermé pour une durée indéterminée et je vis avec. Grâce à cette communication, je n’essaye plus de réfléchir à demain. Je sais juste où j’en suis aujourd’hui. Il y a un gros point d’interrogation. Le point d’interrogation est assumé par le gouvernement depuis le début.
Je dis oui à ce qui est.
Et je ne cherche pas à savoir ce qui sera.

Du coup on fait quoi ?
C’est une vraie question, ça. On fait quoi ? Je suis une introvertie solitaire donc ce confinement n’est pas si difficile. Je passe plus de temps au téléphone, pour parler à d’autres adultes.
Sinon je travaille. J’enregistre mes vidéos pour mes élèves, je planifie mes semaines et j’ai quelques classes virtuelles. Je fais un peu de sport à la maison et je cuisine. Je fais de la place.
Au début, je cherchais à tout prix à m’occuper et finalement maintenant, je vis avec le temps. Je me lève toujours à 6 heures du matin et la plupart du temps, je préfère rester chez moi, en sécurité et au calme. De temps à autre, je vais marcher une heure.
Sinon, je regarde mes tomates pousser. Et mes radis, aussi. J’ai mis un oignon en terre, et un pois chiche. Et à peu près tout ce que je trouve. J’ai commencé un petit jardin sur mon balcon et je trouve ça très relaxant d’arroser et de regarder pousser. Je rêve d’un jardin.
Je me reconnecte à mon corps et à mes passions d’enfant. Souvent, je joue à la console. Parfois je colorie. Il y a du sport à la maison tous les matins, et puis je vais me remettre à écrire sur ce blog, j’imagine.
Et après ?

Je vis au jour le jour, doucement, mais ça ne m’empêche pas de penser à l’après. L’après me parait plutôt loin et pas forcément optimiste. Je n’ai pas peur mais je ne suis pas non plus hyper rassurée.
Alors, j’ai réfléchi à ce que je veux faire, pour que l’après soit le monde que je désire.
Ce sont de petits détails pour mon quotidien et je crois qu’ils peuvent devenir de grands pas si tout le monde s’y met.
Après, je vais prendre plus de temps pour ne rien faire et plus de temps pour me reconnecter à mon corps. Je vais aussi continuer à cuisiner plus et faire un véritable jardin sur mes deux balcons.
Enfin, le plus difficile surement mais le plus important : consommer local et arrêter de donner mon argent à de grandes entreprises. Evidemment, sur plein de points, ça sera impossible mais je ne crois pas qu’Amazon, par exemple, ai vraiment besoin de mes sous. En tous cas, je pense surtout que je n’ai plus envie de leur donner.
Et moi ?
Je finirai ce long post par ces quelques mots : moi ça va. Je reste chez moi le plus souvent pour ne pas subir l’angoisse ambiante à l’exterieur. Le chat et moi passons un bon confinement, nous prenons du temps pour nous et c’est agréable de vivre au ralenti.
C’est l’occasion d’apprendre de nouvelles choses et aussi de réaliser tout ce qu’on ne veut pas faire ! Alors, je pense à mon futur et à comment je veux vivre. Je note ce qu’il faut faire pour en arriver là et ça me met en joie de voir tous ces nouveaux projets.
Je sais que je ne suis pas des plus patientes mais je sais que je réussi toujours à atteindre mes objectifs. Donc on va s’y mettre et, comme les précédents, atteindre celui-ci.
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