
Oui.
Si vous ne le savez pas, le rendez-vous #HistoireExpatriées a été créé et organisé par Lucie du blog L’Occhio Di Lucie. Vous pouvez retrouver toutes mes participations dans la rubrique Histoires Expatriées.
Quand j’ai vu le thème du mois, proposé par Lucie elle-même, je n’ai pas pu m’empêcher de rire car la réponse est d’une facilité déconcertante. Oui, je suis une expatriée.
Et puis finalement… Ce n’est pas si simple que ça.
En rédigeant cet article, j’ai réalisé que c’était difficile de trouver une réponse aussi claire à cette question car les définitions ne sont pas les mêmes pour tous. Et que, malheureusement, beaucoup de racisme se cache derrière ces questions.
Définissons les mots
Globalement, un immigré et un expatrié sont des gens qui ont quitté leur terre natale pour s’installer ailleurs. J’ai lu quelque part que l’expatrié est envoyé par son entreprise pour travailler à l’étranger tandis que l’immigré prend la décision tout seul.
En réalité, dans le langage courant, les définitions ne sont plus les mêmes. Les blancs sont expatriés, les autres immigrés. Un Américain en France sera un expatrié tandis qu’un Togolais sera immigré. Même si le Togolais est plus qualifié que l’Américain. Merci le racisme ordinaire !
Ces définitions sont une réalité qui me dérange. Au Koweït, c’est la même chose. Les expatriés sont les blancs. Être considéré comme expat’ c’est clairement être privilégié. Je le réalise et je m’en rends compte. Pour cet article, j’ai décidé de définir autrement les termes d’expatrié et d’immigré.
Expatrié

Pour moi, l’expatriation est temporaire. On sait que l’on va partir, le visa le dit, notre façon de vivre aussi. Je ne suis pas officiellement expatriée puisque j’ai un contrat local.
Alors ? Expatriée ? Pas d’un point de vue administratif. Je suis en contrat local. Je n’ai rien à voir avec la France, je n’existe même plus en France, je n’ai pas été envoyée par mon entreprise française ici.
Immigré
Et l’immigration est, pour moi, vouée à être sur du plus long terme. Voire même, pour toujours. Je considère mes parents portugais comme immigrés en France. Ils sont venus et ont finalement fait leur vie en France. Être immigré n’est pas une insulte.
Au Koweït, d’un point de vue administratif je suis plutôt une immigrée qu’une expatriée.
Le problème c’est qu’il y a toujours une connotation raciale derrière ce terme… Pas dans mon article.
Maintenant que les termes sont définis, allons au coeur du sujet !
Pas de résidence permanente
C’est, pour moi, la preuve que je serai toujours une expatriée au Koweït. Pour le moment, c’est impossible d’avoir la résidence permanente. Peut être que ça changera (j’en doute) mais pour le moment, la résidence permanente est une chimère.
Même les gens nés au Koweït n’ont aucune garantie de pouvoir y vivre pour toujours. Il y a ici des gens qui n’ont connu rien d’autre que le Koweït depuis plus de trente ans et qui vivent quand même avec une épée de Damoclès. Pas de VISA : retour au pays du passeport… Donc pas même le pays natal… Mais comment aller vivre dans un pays dont on ne connait rien ?
J’ai le visa grace à mon école et si je perds mon job, je dois absolument chercher un autre boulot ou quelqu’un pour me sponsoriser. Du coup, c’est difficile de penser à s’installer pour toujours dans un pays où vous dépendez de quelqu’un pour y rester.
Et les conditions pour avoir la nationalité Koweïtienne sont beaucoup trop contraignantes…
Une langue bien trop difficile à parler
Franchement, l’arabe c’est compliqué à apprendre. C’est encore plus compliqué lorsque la langue qu’on vous apprend en classe n’est pas celle que l’on parle dans les rues.
Prenons l’exemple du « oui ». Lorsque j’ai pris des cours d’arabe, on m’a dit que « oui » se disait « nam ». Sauf que personne n’utilise ce fameux « nam », c’est plutôt utilisé pour répondre à quelqu’un qui vous appelle. A la place, pour confirmer, c’est un son qui resemble à « Eh ».
Cinq ans que je suis au Koweït et autant je comprends vaguement certaines conversations, autant je suis même incapable de prononcer les sons qui composent l’arabe.
Et je pense sérieusement que pour comprendre un pays, il faut en parler la langue. Je ne comprends pas ce qui est écrit sur les panneaux donc il y a des endroits où je ne peux pas aller car tout n’est pas traduit. Une partie du Koweït reste un mystère pour moi.

Une culture trop éloignée de la mienne
Je respecte le Koweït et ses traditions – que je trouve fascinantes – cependant, rien ne me parle vraiment. M’expatrier au Koweït a été vraiment me mettre dans une situation particulière.
L’expatriation c’est essayer d’oublier ce qu’on a l’habitude de faire et prendre de nouvelles habitudes, différentes des nôtres. J’ai rapidement essayé de me créer une nouvelle routine, une nouvelle vie au Koweït, avec les habitudes que je pouvais prendre et ne pas essayer de copier ma vie française ici. Mais en réalité on ne désapprend pas ce qu’on a appris.
Mais franchement, jamais de la vie je ne m’épanouirais complètement au Koweït. Voilà, les choses sont dites. Autant j’adore le Koweït pour ce qu’il me permet de devenir mais franchement, la manière de vivre ici est à mille kilomètres de ce que je suis.
Impossible de se déplacer sans voiture, difficile de promouvoir des producteurs locaux, toujours entrain d’enrichir les multinationales, le retour à la nature est impossible… Bref, on est (très) loin de mes valeurs et de ma façon de voir la vie.
En plus, soyons honnête, les pains au chocolat me manquent, les croissants me manquent, une bonne raclette en hiver me manque…
Du point de vue des Koweïtiens ?
Le Koweït fait parti de ces pays pour qui la nationalité est importante. C’est une des premières question que l’on vous pose : d’où tu viens ? Quand je dis que je viens de France, on essaye de comprendre pourquoi je suis mate avec les cheveux bruns et frisés.
Les chauffeurs de taxi vont demander votre nationalité, votre travail et votre nationalité sont écrits sur votre civil ID. Quand vous racontez une histoire, il n’est pas rare que l’on vous demande l’origine des protagonistes.
Certains parlent d’expat et d’autres parlent de foreigners (étrangers). Une chose est sûre, je ne suis pas considérée de la même manière que les étrangers en situation précaire. Je suis privilégiée parce que je suis française.
J’ai du mal à comprendre le point de vue du gouvernement… Parce qu’il y a parfois des lois à l’encontre des expatriés qui sont proposés mais le Koweït aurait du mal à vivre sans être ouvert à l’expatriation… ou l’immigration.
Une situation privilégiée et temporaire
J’ai l’impression que mon expertise en tant qu’enseignante est bienvenue mais que ma personne ne l’est pas… Du coup, c’est particulier de se penser ici pour toujours.
Pour répondre à la question, oui je suis expatriée.
Je me définirai comme immigrée le jour où je déciderai de rester vivre au Koweït. Qui sait ? Peut être qu’un jour un Koweïtien me passera la bague au doigt !
Pour le moment, la situation est clairement temporaire, je ne veux pas de résidence permanente et seule, je ne souhaite pas rester au Koweït. Donc, sauf si je me marie, je serai une expatriée au Koweït jusqu’à ce que je prenne un billet retour vers la France… ou ailleurs !
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