
Les reseaux sociaux ont pris, partout dans le monde, une place monstrueuse. Vitrine sociale qui se doit d’être parfaite, on ne s’échange plus les numéros de téléphone mais les comptes Facebook ou Instagram. Avant d’être au Koweït, les reseaux sociaux n’étaient, pour moi, qu’une sorte d’album photos public. Je postais pour me souvenir. Mais dans le desert, les choses sont totalement différentes… Petite reflexion autour de la place des social medias dans un pays du Golfe.
Ma relation aux réseaux sociaux
Pour moi, les reseaux sociaux ont toujours été une façon de rester en contact. Les gens que j’ai ajouté sur Facebook sont des gens que j’ai rencongtré pendant mes voyages. Ou durant mes differentes experiences professionnelles. Du coup, même si on ne se parle plus, ça me permet de voir où les gens en sont. Ce qu’ils ont fait, comment ils ont évolué.
Evidemment, je suis, comme tout le monde, une stalkeuse au fond de moi. Ça veut dire qu’il m’arrive parfois de passer des heures sur Facebook ou Instagram juste par curiosité. Pas par intérêt, mais seulement par curiosité. Curiosité un peu malsaine.
J’ai arrêté de suivre les influenceurs sur Instagram parce que j’ai réalisé que ça m’affectait parfois un peu. Difficile d’être bien dans sa vie quand, tous les jours, on voit les photos de gens qui voyagent dans le monde entier. Sans rien faire. Je sais qu’il y a du travail derrière ces comptes, mais je sais aussi que le but c’est d’en faire quelque chose d’effortless. Et je tombe dans le piège.
Les reseaux sociaux en France
En France, j’ai toujours eu l’impression que les reseaux sociaux avaient une vocation à être plutôt privés. Et les comptes dits publics sont plutôt pour les gens qui vendent quelque chose. Un produit, leur humour ou leur lifestyle. Leurs idées déco, fashion ou juste le temps passsé à trouver les meilleurs promotions.
Si vous n’avez rien à vendre, rien à offrir alors votre compte Instagram ne sert à rien. Et je vois, mes amis français sur Instagram partagent simplement leur voyage, leur vie, des photos de leur chat et c’est tout.
Souvent, en France, j’ai entendu dire que les reseaux sociaux prenaient une grande place dans la vie des gens. Mais la plupart du temps, ça reste plutôt amical et bon enfant. Sur Snapchat, on partage son quotidien avec des gens que l’on connait de près ou de loin. Sur Instagram aussi. Les reseaux sociaux restent tout de même assez … personnels bien que publics.
C’est une nuance qui va être difficile à exprimer. Mais, en France, les gens lambda – ni influencers, ni vendeurs – ne cherchent rien sur Instagram. Peut être un peu à montrer une belle vie un peu fantasmée pour faire rager un ex, mais c’est à peu près tout.
Une extrême solitude au Koweït
J’étais entrain de dîner avec un gars l’autre soir. C’est bizarre, il faut choisir un mot pour le définir. Un gars ? Un pote ? Un ami ? Une connaissance ? Je ne sais pas dans quelle case le ranger…
Je le connais beaucoup car nous avons énormément parlé. Et il me connait aussi car je lui ai énormément parlé. Mais… D’un autre côté, je ne le connais pas du tout, car il ne fait pas parti de mon quotidien. Et je ne fais pas parti du sien.
Du coup, il est quelqu’un avec qui j’ai dîné. Avec qui j’ai passé énormément de temps. Avec qui j’ai partagé beaucoup de choses mais peut être que je ne le verrai plus jamais.
Il m’a contacté sur Instagram. Et pendant notre dîner, il m’a dit « you are not the first girl I met on Instagram ». J’ai rigolé et j’ai demandé ah bon ? Je ne suis pas la première fille que tu rencontres sur Instagram ?
Nous avons rigolé et j’ai ajouté, mais de toutes façons, dans ce pays, comment tu rencontres des gens ?
On peut en parler, expliquer, raconter, en long en large et en travers. Personne ne me fera changer d’avis là dessus. Il y a une immense solitude, ici, au Koweït. Pas uniquement chez les expatriés, mais généralement.
La solitude des expatriés est physique. Nous sommes déracinés. Personne avec qui partager une histoire commune.
La solitude des Koweitiens, elle est culturelle. Ils fonctionnent en groupe, en tribu. Peu en individualité. Du coup, ils n’ont nulle part où être eux-même.
Du coup, les reseaux sociaux deviennent un moyen d’être qui ils veulent.
Les reseaux sociaux : une forme de liberté.
Je suis une fille, je vais parler de mon experience en tant que fille. Je ne parlerais pas de Facebook parce que plus personne n’utilise ce reseau.
Snapchat
Je suis dans ma voiture, un garçon me suit et arrête le traffic pour me parler. J’ouvre la fenêtre, la première chose qu’il me demandera c’est mon pseudo sur SnapChat. Pas mon numéro de téléphone. Mon pseudo sur Snapchat.
J’ai utilisé Snapchat pendant un moment. Je donnais mon pseudo à qui voulait bien le recevoir ! Et j’en ai vu des choses ! La vie privée, la vraie vie privée se partage sur Snapchat.
D’une certaine manière, j’ai pu rentrer dans les diwanya (salon pour hommes) des Koweitiens. Je n’ai jamais mis un pieds là dedans et je ne serai jamais autorisée à le faire. Mais, Snapchat… C’est comme être une petite souris dans tous les coins interdits.
Les stories c’est quelque chose, mais alors les Snap privés qu’on a pu m’envoyer ! Contrairement à la France, jamais de dick pics (ndlr : photo de penis, la plupart du temps non réclamées par la personne qui les reçoit)
Mais souvent… Une vingtaine de secondes d’instanées dans une dywania. L’intérieur des tentes dans le desert. Un mariage. Une virée en bateau entre garçons. Une partie de pêche.
Tous ces endroits où je n’irais jamais, j’ai pu les apercevoir sur Snapchat.
Instagram, c’est le public. C’est la vitrine parfaite. Les comptes instagram des Koweïtiens qui n’ont rien à vendre ne sont que très peu alimentés. On attend les vacances.
Et pendant les vacances, c’est les photos des endroits parfaits où l’on va. Avec ses amis parfaits. On fait la fête en Thaïlande et on escalade le Mont Everest entre copains. Le reste du temps, il ne se passe rien. On attend les vacances.
Au début, je pensais que c’était parce qu’Instagram n’était que très peu utilisé.
Quelle erreur !
Les Koweïtiens utilisent Instagram… Surtout les stories et les messages privés. En story, on montre qu’on a une vie simple. On va à la salle, on mange avec ses amis ou on fume la shisha.
Mais en réalité, ils sont actifs en privé. Ils sont actifs sur leur stories… Mais les Koweïtiens sont les gens qui utilisent les reseaux sociaux le plus intelligemment possible. Il n’y a jamais aucune preuve.

Koweït : une image hyper controlée
Au Koweït, on ne parle jamais que pour soi. Moi, je représente mon école. Je suis Liz, blogueuse, modèle parfois, mais je suis aussi l’école. Alors, jamais je ne parlerai politique sur ce blog. Jamais je n’évoquerais la religion. Je ne donnerai jamais mon avis sur des points controversés.
Il en est de même pour les Koweïtiens. Ils parlent en leur nom, mais ils parlent surtout en leur nom de famille. C’est à dire que ce que fait ou dit Ahmed, eh bien, ça va toucher toute la famille de Ahmed. (Ahmed c’est un peu le Paul koweïtien)
Du coup, je suis rentrée dans des diwanyas via Snapchat. Mais je n’ai jamais rencontré les amis de mon ex-amoureux. Je n’existe plus dans sa vie et… je n’en ai même jamais fait parti. Il en est de même pour quasiment tous les amis que j’ai rencontré au Koweït.
On se voit souvent, on partage nos vies, nos vraies vies, mais notre vie sur Internet… Jamais.
Je crois sincèrement que j’ai appris à utiliser les reseaux sociaux correctement au Koweït. J’ai appris à partager des instantanés de vie sans jamais partager ma vie privée.
Suis moi sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) pour être sûr de ne louper aucune nouveauté sur ce blog !
Crédits photo de couverture : William Iven
