
Si vous me suivez sur Instagram ou sur Facebook, vous êtes déjà au courant, sinon, merci de me donner encore une chance de l’annoncer : je suis semi-marathonienne ! Je me suis déjà alignée sur des courses de 5 et 10 kilomètres, mais un semi-marathon, c’est la première fois ! Aussi étrange que ça puisse paraitre, venir au Koweït m’a fait devenir une véritable sportive. Laissez moi vous raconter comment.
Ma relation avec le sport
Petite, je faisais du vélo et je passais mon temps à crapahuter mais je n’ai jamais été une gamine inscrite à une quelconque activité extra-scolaire. La faute à ma grande timidité. A l’école, je venais en jupe les jours de sport pour, justement, ne pas avoir à en faire.
Quand je suis arrivée dans l’adolescence, ça s’est empiré : j’étais de celles qui restaient assises sur les bancs… A cause d’un mal de tête, d’un rhume, d’une angine. Toutes les excuses étaient bonnes pour ne pas faire de sport. Je restais assise pendant deux heures à regarder les autres transpirer.
Evidemment, j’ai essayé de faire du vélo d’appartement, du vélo elliptique, j’ai lu tout ce qui était possible pour perdre du poids. Quel sport brule le plus de calories ? Comment avoir les cuisses fines ? Et ça n’allait évidemment pas bien loin… Trois matins à faire cinquante minutes de vélo elliptique tous les six mois et basta !
Mes début en course à pieds
J’ai commencé à courir un an avant de partir au Koweït, en 2014. J’avais décidé d’arrêter de fumer, et ma précédente tentative m’avait fait prendre cinq kilos… Une amie m’avait expliqué qu’elle n’avait pas pris de poids car, chaque fois qu’elle voulait fumer, elle allait courir. Je me suis dit que j’allais faire pareil.
Un samedi matin, j’ai mis mes baskets et j’ai couru. Je n’ai pas suivi un plan particulier, je me suis juste bornée à courir 2 minutes et marcher 1 pendant trente minutes. Je suis rentrée chez moi essoufflée et en sueur… Et j’y suis retournée deux jours plus tard. C’est de cette façon que c’est devenu une habitude.
Et le 14 juin 2015, j’accrochais le dossard pour le 10km de l’Equipe. Ma première course, la première fois de ma vie que je courais 10 kilomètres sans m’arrêter, ma première médaille. J’ai un peu pleuré à l’arrivée, mon père et ma mère étaient là pour me soutenir. J’ai commencé à faire des plans sur la Night Run de La Défense, une course de 10 kilomètres de nuit. Et puis, fin juin, je signe mon contrat pour le Koweït. Tous mes projets de course à pieds tombent à l’eau, je dois me concentrer sur autre chose.

Arrivée au Koweït : la pause sportive
J’arrive au Koweït, il fait plus de 40 degrés à l’extérieur, je commence à travailler très tôt, j’ai du mal à prendre le rythme et je ne trouve pas de temps pour courir. Je parle avec des collègues qui courent le long de la corniche, je ne comprends pas comment ils font. Parler me fait transpirer alors courir..! Impensable pour moi.
Je fais une sortie un soir, je traverse la Belajat Street, j’arrive sur le bord de mer et je cours… trois kilomètres, dans une souffrance inexplicable. Il fait nuit noire mais il fait surtout trente-sept degrés ! Je suis incapable de respirer, je transpire et j’ai l’impression que je vais m’étouffer Plusieurs fois, je chausse les baskets et j’essaye de courir mais c’est impossible. Je souffre atrocement.
J’essaye de me motiver en faisant des challenges avec un ami en France, je cours 11 kilomètres un soir alors qu’il fait plus de 40 degrés. Et je me dégoute de la course à pieds. Je range les baskets et arrête de courir pendant quelques mois.
Le sport, un élément clé de mon quotidien
Noël 2016, je réalise que j’ai atteint un poids qui est bien trop élevé pour moi et décide de perdre quinze kilos. Je me remets à la course à pieds et à faire attention à ce que je mange.
Trois fois par semaine, avant le lever du soleil, je chausse mes baskets et cours. Je me lève à 4 heures du matin, et j’ai la chance, à chaque fois, de profiter d’un magnifique lever de soleil en bord de mer. Le sport a quelque chose de réellement addictif. Petit à petit, je deviens accro. Les semaines où je ne cours pas, je suis tendue, sur les nerfs, un peu triste même. Alors je ne cours plus après une performance, je cours après mon bien-être.
La vie au Koweït est une confortable routine. Il faut trouver quelque chose à faire pour ne pas dépérir. Vivre au Koweït a été, pour moi, le meilleur moyen de prendre soin de moi et de mon corps. J’ai appris à m’écouter, à me connaître et à comprendre certaines de mes réaction.
Cependant, j’ai aujourd’hui un rapport très sain au sport. Ma vie sociale n’est plus en fonction du sport et je peux modifier une séance pour aller au restaurant la veille. J’ai appris à ne pas regarder les performances mais simplement mon bien être. Je me dépasse mentalement car j’ai aujourd’hui une confiance entière en mon corps.

Pourquoi au Koweït et pas en France ?
Le Koweït est un endroit parfait pour qui veut se mettre au sport. Les salles de sport sont des temples, il y a toutes les machines et tous les cours possible. Il y a un nombre incalculable de personnal trainer (bon ou mauvais, c’est un autre débat)
Vous trouverez partout des passionnés qui veulent simplement partager avec vous ce qu’ils aiment. J’ai fait mon semi-marathon avec un runner qui a une experience de la course à pieds folle ! Mais je crois qu’il était plus heureux que moi de courir ce semi avec une débutante.
Les sportifs sont dans le partage perpétuel. La vie ici est une routine, elle roule tranquillement. Donc quand vous commencez quelque chose, vous avez le temps et l’énergie pour vous mettre à fond dedans. Et autour de vous, vous serez toujours entouré de gens qui ne sont pas dans le jugement. On vous félicitera toujours de ce que vous avez eu le courage de faire.
A Paris, il y a cet esprit de compétition, partout. Courir un semi-marathon n’est pas assez bien, il faut le courir en moins d’une heure trente. Le marathon, d’accord mais en moins de 4 heures. Même les gens qui ne courent pas ont tendance à demander votre temps pour savoir si vous êtes un bon sportif ou pas.
J’ai trouvé au Koweït ce qui me manquait à Paris. Je n’ai pas honte d’être lente car personne autour ne va juger ma performance. Au Gulf Bank Marathon, quand je marchais avec ma médaille de semi-marathonienne, on m’a félicitée. Personne n’a demandé mon temps. Le plus important c’est que je me suis levée, j’ai accroché le dossard et j’ai franchi la ligne d’arrivée, sans faillir.