
Il y a quelques années, Mathilde a décidé de s’expatrier au Canada. J’ai rencontré Mathilde au lycée et nous nous sommes perdues de vue. C’est la vie, ce sont des choses qui arrivent, mais je garde nos conversations en tête. Mathilde est une jeune fille très douce et discrète mais plutôt courageuse. Avec le recul, Mathilde fait parti de ces gens dont j’ai beaucoup appris. Pourquoi je vous parle de Mathilde ? Tout simplement parce que c’est grâce à elle que j’ai arrêté d’avoir peur de me lancer. Je vous raconte comment.
Je ne sais pas si nous avons eu cette conversation avant son expatriation ou lorsqu’elle était revenue en France pour quelques semaines. Quoiqu’il en soit, c’était l’été et on discutait tranquillement. Et puis, on aborde le sujet du courage qu’il faut pour se lancer dans de nouvelles choses. Je n’ai pas le souvenir de comment est arrivée cette conversation mais elle a été une des plus bénéfiques que j’ai pu avoir.
Le peur de se lancer
La peur est la principale cause de notre immobilisme. Ne pas savoir ce qu’il va se passer ou ne pas pouvoir tout contrôler sont tout autant de raisons pour … ne rien faire. On se trouve toujours des excuses mais en vrai, ce qui domine, c’est la peur.
Si vous réfléchissez bien, si vous pensez aux opportunités que vous n’avez pas saisies, la seule raison pour laquelle vous avez dit non, c’est la peur. Peur de ne pas réussir, peur de ne pas être à la hauteur ou la peur de ne pas aimer. Souvent, on pense au pire avant de penser à ce qu’on peut y gagner.
Je n’avais jamais postulé à l’étranger parce que j’avais peur de ne pas être recrutée, de ne pas réussir à m’en sortir dans un pays non-francophone. Je n’ai jamais dit que j’avais peur, évidemment. Mais je sais qu’au fond, la seule chose qui me retenait était l’imposante peur de ne pas être à la hauteur.
Ce jour là, avec Mathilde donc, nous parlions de son expatriation. Evidemment, elle avait peur mais son intelligence a toujours été d’assumer ce qu’elle ressentait. Et puis un jour, elle parlait de cette peur avec quelqu’un qui lui a dit une phrase que je n’ai jamais oubliée.
Une formule quasi-magique
C’est l’été et il fait chaud. On est assise sur ma terrasse, on fume des cigarettes et j’imagine qu’on boit du coca. Et elle me répète ce qui lui a été dit. La formule magique que j’ai toujours en tête quand je veux faire quelque chose de nouveau. Tout simplement, en un souffle, elle me dit Mais au pire, quoi ? Au pire, on meurt !
A ce moment là, j’ai l’impression que tout prend sens. D’un coup je réalise que la pire chose qui puisse m’arriver c’est la mort. Je sais que ça fait flipper plein de monde, mais moi ça m’a retiré une pression énorme des épaules. Et cette phrase m’a beaucoup aidé le jour où j’ai décidé de partir au Koweït.
Pour mon entretien Skype avec le directeur du Lycée Français de Koweït, j’avais mis ma chemise préférée mais gardé mon pantalon de pyjama. M’étais maquillée et coiffée à la perfection alors que je n’étais pas sortie de chez moi. Et puis il m’annonce qu’il est d’accord pour m’avoir dans son équipe, je dis que je vais réfléchir un peu.
Et puis la peur m’envahit.
Des millions de questions
Est-ce que je vais survivre dans un pays où personne ne parle français ? Est-ce que je vais être à la hauteur du poste qu’on me propose ? Est-ce que je vais survivre sans ma mère ? Est-ce que je vais réussir à me faire des amis ? Est-ce que, est-ce que, est-ce que ?
Et puis, à mes peurs viennent se greffer celles de mes parents. Est-ce que tu sais combien tu vas payer de loyer ? Est-ce que tu pourras économiser ?
Et puis, à mes peurs et celles de mes parents, viennent se greffer celles de mes amis. Est-ce que c’est un pays où les femmes sont libres ? Est-ce que tu vas devoir te voiler ? Est-ce que tu pourras conduire ? Est-ce que tu seras libre au Koweït ?
Mon cerveau est envahit de toutes parts par toutes les questions possibles et imaginables. Pire encore, ce sont des questions auxquelles je ne trouve pas de réponses.
Et puis voilà, je me pose et je réfléchis cinq minutes. Je n’ai pas la réponse et je ne l’aurais jamais. Alors quoi ? Alors au pire, eh bien, au pire, on meurt.
En réalité, oui, au pire je meurs. Et juste avant ça, le pire du pire qui peut m’arriver, c’est de prendre un billet d’avion et de revenir en France. De retourner dans la chambre que j’ai chez mes parents, de chercher un autre travail en France et voilà. En réalité, rentrer en France est le pire qui peut m’arriver à ce moment là.

Mettre de côté la peur permet de voir le positif
En regardant objectivement quelle est la pire chose qui peut arriver, on a plus de place dans le cerveau pour se concentrer sur le positif. Donc, en effet, au pire, on meurt.
Et au mieux ?
Au mieux, tellement de choses… Car même si ça ne se passe pas bien, on va grandir grâce à ce que nous allons tenter. Une fois qu’on élimine le pire, la mort, eh bien, le reste n’est que positif.
Si je reprends le cas de mon expatriation au Koweït. Imaginons que ça n’ait pas fonctionné et que je rentre. Je ne suis pas morte, donc le pire n’est pas arrivé. Par contre, je suis rentrée. C’est vu comme un échec, n’est-ce pas ? En vérité, j’aurais appris que l’expatriation n’est pas pour moi. Ou que l’enseignement n’est pas pour moi. J’aurais appris quelque chose de ce pire. Conclusion ? C’était pas si pire, comme disent nos amis canadiens.
La peur immobilise.
Notre cerveau est assez fort pour nous protéger de tout, même du meilleur. La chance que l’on a c’est que, en travaillant un peu sur nous, il est facile de reprogrammer notre cerveau pour ne plus avoir peur. Croyez le ou non, il ne faut pas grand chose pour ne plus avoir peur et se lancer dans tout ce que l’on veut. Surtout dans ce qui nous parait impossible.
Et on fait comment, pour ne plus avoir peur ?
Il suffit donc de reprogrammer notre cerveau. Souvent, on a été éduqué d’une certaine manière. En France, j’ai l’impression que la prise de risque est plutôt mal vue. Il est préférable de rester dans sa zone de confort et de ne pas faire trop de vagues.
Au Koweït, tout le monde se lance dans tout sans avoir tellement peur. C’est assez surréaliste. J’ai réalisé que les Koweïtiens n’ont jamais peur de faire des choses nouvelles. Peut être que c’est parce qu’ils sont généralement bien entourés voire parfois assistés. Mais dans les faits, ils ont plutôt confiance en eux. Ce n’est pas rare de rencontrer des Koweïtiens qui ont lancé leur propre business quand, en France, on passe dix ans à réfléchir à ce qu’on va gagner et perdre.
En observant un peu comment vivaient les Koweïtiens et grâce à mes propres experiences, j’ai pu lister cinq petites astuces pour ne plus avoir peur de se lancer.
1 – Pense à la pire chose qui peut t’arriver.
Au lieu de te poser cent cinquante questions, pense à la pire chose qui peut arriver. Dans tous les cas, le pire, c’est la mort. A côté de la mort, tout parait minime, finalement. Tout est surmontable, sauf la mort.
2 – Transforme les mauvaises choses en positives.
Comme je l’ai écrit plus haut, tous les échecs sont des leçons apprises. Par exemple, tu veux aller voir un film, tu lis les critiques. La moitié dit que c’est le meilleur film de l’année, l’autre dit que c’est le pire film de l’année. Toi tu fais quoi ? Tu vas au cinéma pour voir ce que toi, tu en penses. Eh bien, finalement, c’est pareil pour tout.
En allant voir le film, tu te fais ton propre avis dessus. En faisant les choses, tu auras des réponses qui affineront tes choix futurs. Tu veux lancer ton business ? Si ça fonctionne, très bien ! Si ce n’est pas le cas, tu auras appris énormément de choses sur toi. Et sur le business en général ! Et le prochain business que tu lanceras fonctionnera mieux.
3 – Pense au mieux au lieu de penser au pire.
Sans faire des plans sur la comète, réfléchis à ce qui peut se passer au mieux. Au début, ça sera sûrement difficile de trouver une longue liste car, malheureusement, on est habitué à voir le pire. Mais force toi, fais une liste du mieux qu’il peut t’arriver. Au mieux, tu vas être riche à millions, au mieux tu vas adorer ce que tu fais, au mieux tu vas être heureux…
4 – N’oublie jamais que, quoiqu’il arrive, tu gagnes.
Tu dois savoir que, pour le mois de novembre, j’ai décidé de courir un semi-marathon. J’avoue que, si je m’écoute, j’ai peur. Peur de ne pas franchir la ligne d’arrivée, peur d’être physiquement très mal. J’ai tout un tas de peurs.
Mais en réalité, quand je réfléchis objectivement, je sais que, quoiqu’il arrive, à la fin je gagne. Je gagne seulement parce que j’ai essayé. J’ai essayé et rien que pour ça, je suis fière de moi.
C’est pareil pour tout ce que tu vas essayer. Tu peux être fier, simplement parce que tu as essayé. Finalement, si on honnête avec nous même, essayer c’est déjà gagner.
5 – Lance toi !
Le dernier conseil et le plus judicieux. Lance toi. Promis, il ne va rien t’arriver. N’oublie pas que, au pire, on meurt 😉
Evidemment, ces conseils ne s’appliquent pas pour les choses dangereuses. Il ne vaut mieux pas essayer de se jeter dans le feu ou rouler à contre sens sur l’autoroute, juste pour essayer. Là, vraiment, tu risques de mourir. Et en fait, ce n’est pas vraiment ce qu’on veut.
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