
Parler argent est tabou en France : on ne parle pas salaire, on ne parle pas compte courant ou compte épargne. Chacun fait son petit business dans son coin sans en informer son voisin. Mais on va être honnête : la raison qui pousse des expatriés à s’installer au Koweit pour X années, c’est l’argent. On ne vient pas au Koweit pour la beauté des paysages ou pour l’histoire du pays. On y vient pour l’argent.
Un objectif financier
En même temps que j’ai postulé au Koweit, j’ai postulé à Rio de Janeiro, à Phnom Phen, Denpasar et Bangkok. Les salaires étaient moins intéressants mais ce sont des villes dans lesquelles je rêve de vivre… J’y serais sûrement allée gratuitement ! Mais voilà, je suis engagée au Koweit. Je dis à ma famille et mes proches que ça sera une bonne occasion de mettre des sous de côté.
Trois ans après, je suis fin prête à me lancer dans l’investissement locatif. Je vais à la banque en France pour demander un petit prêt, je raconte un peu mon histoire et mon parcours, où j’en suis financièrement et la banquière me dit non. Le prêt me sera refusé car je n’ai pas de CDD, car je vis à l’étranger, car j’ai un crédit au Koweït, car je n’ai pas de résidence principale en France et pour tout un tas de raisons. Les banques sont frileuses pour des cas comme moi.
Je rentre chez moi et j’explique ça à mon frère. Il tilt quand je parle de mon crédit et me propose de vendre ma Challenger. Je le regarde avec des gros yeux et je dis non ! Il est hors de question de vendre ma Challenger. Il n’est pas le seul, tout le monde me conseille de vendre ma voiture pour éventuellement en acheter une moins chère. Et personne n’a l’air de comprendre que je mette ma voiture en haut de mes priorités.

Petit guide pratique de la vie au Koweït
J’ai déjà écrit un long article à propos de ma vie au Koweit. Mais là, je vais être bien plus factuelle.
L’appartement
A l’heure où j’écris cette article (11 septembre à 9h00 du matin) il fait déjà 37 degrés et on va monter à 44 dans la journée. Je voulais aller courir mais comme je me suis levée tard, il faisait déjà trop chaud. Par tard, j’entends 7 heures du matin… Ma vie tourne autour de la température extérieure car il fait très chaud. J’ai parfois l’impression quand je suis au soleil que ma peau se décolle à cause de la chaleur.
Lorsque j’habitais à Paris, j’ai rencontré beaucoup d’étudiants qui louaient des minuscules appartements (merci le marché de l’immobilier Parisien !) qui m’expliquaient qu’ils étaient tout le temps dehors. Du coup, leur appartement devenait juste un endroit où dormir. Au Koweït c’est impossible.
Je passe la plupart de mon temps chez moi, dans la fraicheur de la climatisation. Je pourrais économiser des sous sur mon loyer. Mon appartement est lumineux, dans un building neuf, j’ai deux chambres, deux salles de bain et deux balcons. Je vis seulement avec un chat qui n’a pas besoin de sa propre chambre mais avoir un espace suffisamment grand est nécessaire. Pour moi, c’est vital. J’ai toujours payé un poil plus cher que les prix du marché, mais pour me sentir chez moi, je n’ai aucun problème à mettre la main à la poche.
La voiture
Par jour, je peux passer 4 heures dans ma voiture. Ici, la voiture est un grand marqueur social. J’ai commencé ma vie de conductrice au Koweit avec une Mitsubishi Lancer, je roule maintenant en Dodge Challenger je vois bien la différence. Mon expérience de conductrice est beaucoup plus agréable dans ma muscles car. Si je voulais résumer, je dirais que, avec la Dodge, j’ai tout le temps la priorité, sauf face aux autres Challenger.
J’aurais pu rester en location mais j’ai décidé de me faire plaisir et de m’offrir une voiture que je n’aurais sûrement plus jamais. Rationnellement, je sais que c’est de l’argent jeté par les fenêtres, chaque mois je stress un peu parce que je dois faire attention à mes sous jusqu’au 20, l’assurance me coute une fortune et, relativement évidemment, l’essence aussi. Cependant, chaque fois que je monte dans mon carrosse, que j’appuis sur le bouton pour démarrer et que j’entends son vroooum, je me dis que c’était le meilleur achat de ma vie.

Les sorties
Du mois de mars jusqu’au mois d’octobre, c’est difficile de faire des sorties gratuites en extérieur. Il fait trop chaud pour aller se promener au parc. La seule chose gratuite que je fais pendant cette période c’est courir avant le lever du soleil… Le reste du temps, je vais payer. On s’assoit dans un café, on prend un café, un coca, finalement on va dîner au restaurant.
Et petit à petit, c’est un budget. Sur le coup, ce n’est pas grand chose et finalement, à la fin du mois ça chiffre !
Si j’ai trop la bougeotte et que je veux absolument marcher, je vais aller dans un mall. Pour une acheteuse compulsive, c’est difficile de résister à l’appel de tous ces magasins… Hermès côtoie H&M, Sephora est à côté de Vavavoom et MAC, il y a des chaussures partout et je dois lutter pour ne pas dégainer ma carte bleue à chaque fois que je vois quelque chose qui me plait.
Les voyages
Pour moi, sortir du Koweit régulièrement est vital. Il fait chaud, le pays est petit, il n’y a pas grand chose à visiter. Si je veux changer d’air, je peux louer un chalet en bord de mer ou payer pour passer la journée au Radison, mais je préfère largement prendre l’avion et aller découvrir ce qu’il se passe autour. Depuis que je suis arrivé au Koweit, je suis allée au Liban, en Iran, à Chypre, à Rio de Janeiro, en Thaïlande, au Bahrein et évidemment à Paris.
J’aurais pu ne pas dépenser cet argent et le mettre de côté. Mais si je ne veux pas devenir folle, je dois sortir du pays, aller voir ce qu’il se passe ailleurs. Il y a un moment où j’ai besoin de voir de la verdure, de marcher dans des villes, de me balader vers nulle part et de respirer de l’air frais.

Profiter du quotidien
Du coup, j’ai pris le parti de profiter du quotidien. Ça veut dire que je vois ce que le pays me propose et je m’y adapte. Conduire dans une voiture de sport rendra mon expérience de conductrice meilleure ? Aucun problème, je casque. Pour vivre bien, je dois vivre dans un appartement plus grand que mes besoins ? Ok, je mets la main à la poche.
Je ne peux pas faire de sorties gratuites, alors tant pis, je sors régulièrement au restaurant ou boire des cafés avec mes amis. Je sors la carte bleue et je paye. J’ai le choix entre avoir une vie de bourreau de travail : me lever, travailler, me coucher et bis repetita. Ou, je peux allier l’utile à l’agréable et faire de mon quotidien un quotidien plus joyeux.
Je sais que les objectifs financiers ne sont jamais atteints et qu’on en veut toujours plus. J’ai eu tendance, au début de mon expatriation, à vouloir sécuriser mon avenir en économisant. Et puis un jour, je me suis demandée à quoi ça me servait de sécuriser mon avenir si je ne profitais pas du présent… Et ça a changé toute ma façon de penser ma vie au Koweit.
Et toi, dis moi ! Tu préfères penser à l’avenir ou vivre au jour le jour ?