
Cet article participe au rendez vous #HistoiresExpatriées organisée par L’Occhio di Lucie. Ce mois ci c’est Maeva qui a choisi le thème.
J’ai déjà fait un article sur ma prise de poids… J’avais l’intention de le proposer au départ et finalement j’en écris un nouveau ! La relation que j’ai avec mon corps a beaucoup changé depuis que je suis au Koweït.
En bien sur certains points, en mal sur d’autres. En tous cas, une chose est sûre, j’ai bien plus de temps et de moyens pour m’intéresser et prendre soin de ce corps.
Comment s’habille-t-on au Koweit ?
Quand j’ai passé mon entretien téléphonique, j’ai demandé si j’étais obligée de porter le voile ou non. Le directeur m’a expressément rassurée en me disant que non, c’était quand même un pays assez libre pour les femmes. Je me souviens que la tenue vestimentaire pour les femmes n’a même pas été abordée. Quelques jours avant le départ, j’étais assise par terre à me demander ce que j’allais mettre dans ma valise…
Mes placards étaient remplis de jupes et de robes très au dessus du genoux, des décolletés plus ou moins plongeants, exactement zéro jean sauf un coupe boyfriend très bas sur les hanches et bien trop de crop tops.
Privilégiant le naturel, j’avais quelque peu abandonné le make up quand le contouring a fait son apparition. Je me souviens que j’étais un peu blasée, un peu paniquée : mais je mets QUOI dans cette foutue valise ?

J’ai fait du shopping : j’ai acheté des jupes longues, des leggings, des débardeurs longs. Je n’ose pas écrire comment j’imaginais les femmes au Koweit car c’était vraiment un cliché énorme. Je vais faire simple : j’imaginais tout simplement que les femmes au Koweït ne faisaient pas spécialement attention à leur image ou à la mode à l’extérieur de la maison.
Très rapidement, j’ai réalisé que j’avais en partie raison sur la longueur des jupes. Les jupes et les robes sont sous le genoux, les manches généralement longues. Dans la rue, on voit souvent des femmes en jupes culottes avec des chaussures compensées.
Une amie m’a raconté une fois qu’elle était allée à un évènement avec une jupe au dessus du genoux. Les journalistes ont retouché la photo pour lui mettre une jupe longue ! Quand c’est de l’ordre de l’officiel, il y a des coutumes à suivre. Au même titre qu’il est mal vu d’aller à un mariage en jogging en France, au Koweit il vaut mieux mettre des jupes longues quand il y a des journalistes dans le coin !
La plupart des femmes ne dévoilent pas leur corps mais ne le cache pas non plus. La mode est pleine de pudeur, le corps est mis en valeur sans être trop montré.
Donc, quand je suis arrivée avec ma valise pleine de leggings, de longs t-shirts et de jupes longues, je me suis rapidement senti totalement à la ramasse. Alors j’ai recommencé à faire du shopping, et à m’habiller avec les vêtements qui me vont. Je porte des jupes au dessus du genoux, mais pas de dos nus, je mets des talons mais seulement avec des pantalons, je ne porte rien de moulant, je n’en montre jamais trop. Mais évidemment, ce jamais trop est très subjectif : dans certains endroits avec une jupe, je me sens observée et jaugée.

Mais ça n’empêche pas certaines femmes de porter des jupes très courtes et moulantes. Est-ce qu’elles se sentent observées et jugées ? Je n’en sais rien, quoiqu’il en soit, elles peuvent le faire. Il faut être honnête, ce n’est évidemment pas la majorité.
La plupart des requêtes Google menant à mon ancien blog était comment les femme s’habillent au Koweit ? Eh bien, elles s’habillent comme elles veulent avec des coutumes propre à leur pays. Moi, je m’habille comme en France mais en me calant sur les tendances du pays. Je n’ai jamais été une excentrique, je suis toujours dans les normes. Je n’aurais jamais porté un serre-tête oreilles de chat à Paris, et je ne porterai pas une mini jupe en simili cuir au Koweit.

Et le corps en lui même ?
C’est là qu’on arrive dans un paradoxe que je trouve très particulier. Il y a un problème d’obésité au Koweit, lié à la surabondance de fast food et de restaurants. De plus en plus de gens sont diabétiques et le taux d’obésité est en constante hausse depuis quelques années. Il y a cette vidéo ou cette interview qui abordent le sujet. (les deux sont en anglais !)
Comme je l’écrivais, à 15 kilos de plus, j’étais bien plus regardée et draguée qu’aujourd’hui.
Mais je vais vous raconter une petite histoire… j’étais à la plage entrain de bronzer en bikini quand un groupe de trois koweitiens est arrivé. La conversation a tourné autour du corps, de la nourriture healthy, de la salle de gym et de l’exercice physique en général. Un des garçons me demande si je fais du sport, je dis que je cours uniquement, il m’explique que là ça va, je suis bien, mais que si j’allais à la salle pour faire de la musculation, j’aurais un corps parfait. Et j’ai en face de moi une montagne de muscles qui prend des stéroïdes, qui fait attention à tout ce qu’il mange et qui va dans les plus grosses salles de sport du Koweit.
Aux yeux des autres, je suis maintenant passée dans le clan des filles qui font attention. Et comme je suis une fille qui fait attention, on me conseille, on m’oriente et on me questionne. On m’explique comment arriver à un corps parfait. On me demande comment j’ai fait. Tandis que lorsque je faisais 15 kilos de plus, que je correspondais un peu plus aux standards, on ne me parlait jamais de sport.
Aujourd’hui, quand je parle de running à des gens, ils me racontent tous qu’ils vont, eux aussi, se mettre à faire du sport. Comme s’il fallait être quelqu’un qui fait attention.
On ne parle pas de plaisir à faire du sport. On ne parle pas de gagner en force en se mettant à la musculation. Non, il faut courir pour perdre du poids et faire de la musculation pour avoir des muscles dessinés.
Quand je rencontre des garçons, souvent ils me parlent du temps qu’ils passent à la gym par jour. Difficile de s’occuper au Koweit alors on va à la salle de sport : c’est un lieu d’échanges et de rencontres en plus d’être un espace de bien être. Il y a une offre dingue sur les salles de sport. Il y a un souvent un espace bien être avec piscine, sauna et hammam en plus des cours de groupe ou des personal trainers.

Il y a une obsession autour d’un corps parfait à l’Européenne. C’est à dire mince-musclé-bronzé. Mes collègues me disent que j’ai de la chance d’avoir perdu du poids, et qu’elles ont l’impression d’être énormes à côté de moi, tandis que je rêve d’avoir leur poitrine. Les médias au Koweit tendent à montrer des femmes plus pulpeuses que celles que j’ai pu voir en France. Les influenceuses Koweitiennes et les fashionistas ne sont pas maigres comme j’ai peuvent l’être beaucoup d’instagrammeuses Françaises.
J’ai réalisé ma prise de poids pendant des vacances en France. Quand je dis mon ancien poids au Koweit, personne n’est choqué. À Paris on me regarde avec des gros yeux. Je peux presque y lire un comment tu en es arrivée là ?
Au Koweit, la pression est moins grande, en tous cas elle me semble moins grande, mais une fois qu’on commence à prendre soin de soi, ça peut devenir une véritable obsession et ça peut être difficile de ne pas tomber dans le toujours plus.
Et la beauté dans tout ça ?
Avant mon voyage en Asie, j’étais une make up addict. Courir chez Sephora pour la sortie de la dernière palette palette Urban Decay n’était pas quelque chose d’exceptionnel pour moi. Avoir quinze mascara, douze blush, quinze fonds de teint – crème, liquide, poudre, pour l’été, pour l’hiver – et douze rouges à lèvres n’était pas quelque chose de choquant.
Et puis, je suis partie cinq mois avec mon sac à dos, je me suis habituée à voir ma tête sans maquillage et quand je suis revenue… je n’étais plus aussi intéressée par le make-up.
Je suis arrivée au Koweit avec un mascara, un vieux fond de teint et je pense que c’est tout… Je pensais que les femmes au Koweït ne se maquillaient pas. Tout simplement parce qu’il fait très chaud, j’avais du mal à penser qu’on pouvait mettre du fond de teint dans un pays où il fait plus de 40 degrés ! Très rapidement, j’ai réalisé que là aussi, j’étais à la ramasse. Les femmes au Koweït maitrisent l’art du conturing et des faux cils. Les sourcils sont toujours épilés et maquillés à la perfection. Les cheveux coiffés et n’ont jamais l’air abîmés.

Il y a aussi un peu de botox parfois et de chirurgie esthétique. La majorité des femmes se sont faites épiler au laser (oui, moi aussi). On m’a souvent demandé pourquoi je ne me faisais pas épiler les bras. Alors que je n’ai jamais été spécialement intéressée par les soins des ongles, je réfléchis de plus en plus à m’allouer un budget pour des ongles manucurés à la perfection en permanence.
Et moi dans tout ça ?
Comme je l’ai écrit, à la fin de mon adolescence et au début de ma vie de jeune adulte, j’étais vraiment coquette. J’ai commencé à travailler jeune pour pouvoir remplir les caisses de H&M, Zara et Sephora. Toujours tirée à quatre épingles, je me lavais les cheveux tous les jours, pouvais changer de tenue entre deux à quatre fois par jour, essayais tous les make-up possible et imaginable. A ma deuxième année de fac, certains m’appelaient Blair Waldorf derrière mon dos.
Et puis je suis partie en Asie. J’ai appris à vivre pendant cinq mois sans autre chose qu’une crème hydratante et finalement quand je suis revenue et que je me suis maquillée… J’étais presque choquée de me voir toute pomponnée et fardée. Je n’ai jamais réussi à m’y intéresser de nouveau et j’ai depuis été en accord avec mon corps au naturel.
Et par naturel j’entends : mes poils, mes boutons sur le visage, la cellulite, les kilos gagnés, jogging ou jupe, maquillée ou non, je sais que ma valeur n’est pas définie par mon physique.

Et maintenant… Je suis passée par la case épilation au laser, je ne sors jamais avec les cheveux sales, je suis toujours maquillée, je fais de nouveau attention à comment je m’habille, je me sens mal si mes sourcils ne sont pas parfaitement épilés, j’ai de plus en plus de mal à descendre à l’épicerie en jogging.
J’ai compris et accepté que l’apparence est très importante au Koweit. Les codes ne sont pas les mêmes qu’en France.
En matière de vêtements, j’y trouve mon compte mais j’ai l’impression qu’il y a une recherche impossible de perfection au naturel. On attend des femmes qu’elles soient naturelles mais pas poilues, sans défaut mais peu maquillées, ne pas montrer leur corps mais être désirables, avoir un corps parfait sans délaisser leur vie de famille pour aller à la salle de sport.
Il y a des priorités qui me paraissent étranges. Je ne comprends pas que l’apparence soit plus importante que le bien être. J’ai du mal à saisir l’idée que des gens puissent manger sainement mais sans plaisir… uniquement dans un but esthétique.
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