
– Et tu habites où ?
– Je vis au Koweit.
– Ah … Et tu es obligée de porter le voile, non ?
Toutes les conversations à propos de mon expatriation et de ma vie à l’étranger commencent comme ça. Le Koweit, ce n’est pas un pays qui fait rêver. Mais… Ça va, en fait.
C’est où, le Koweit ?
Petite présentation très rapide du Koweit. C’est un tout petit pays, coincé entre l’Arabie Saoudite et l’Irak. C’est généralement après cette toute petite phrase que le regard sur mon expatriation change. Il y a environ 4 millions d’habitants, moins de Koweitiens que d’expatriés, il n’y a ni lac, ni rivière, un desert sans trop de dunes, des grosses routes partout et plein de belles voitures.
Voilà. C’est un peu cliché mais c’est comme ça que j’ai vu le pays quand j’y suis arrivée et j’imagine que c’est comme ça que tout le monde imagine le pays.
L’alcool y est illégal, ainsi que le porc. 85% de la population Koweitienne est Musulmane, le reste se divise entre le Christianisme et l’Hindouisme. Parfois, au cinéma, les films sont censurés – certains passages sont tout simplement coupés – mais ils sont souvent sous-titrés en français. Il y a quelques musées, mais j’avoue n’y être jamais allé !
Pourquoi le Koweit ?
Mon choix pour le Koweït ressemble presque à une petite blague. J’avais énormément de mal à trouver un travail à Paris. J’étais Prof de FLE stagiaire dans une école et je donnais des cours du soir dans une autre. Je venais de me séparer du garçon avec qui j’étais, du coup j’ai cherché un emploi à l’étranger.
J’ai postulé au Koweit parce que mon père y a travaillé avant l’invasion Irakienne. Il avait prévu de faire venir ma mère et de s’y installer définitivement mais son contrat n’a pas été renouvelé à cause de la situation politique. Il faut savoir que mes parents aiment bien les bibelots et les souvenirs. J’ai donc grandi avec une représentation des Tours du Koweit et un service à thé arabe pour décorer le salon. Il y avait des photos de mon père devant ces fameuses Tours quand je regardais les albums photo de sa jeunesse. J’ai grandi avec le Koweit et l’Arabie Saoudite comme toile de fond.
Du coup, lorsque j’ai vu cette offre d’emploi au Koweit, j’ai postulé directement, un peu pour la blague. J’avais aussi postulé au Cambodge, à Rio de Janeiro, en Thaïlande et à New York. Fin juin, je suis contactée par le directeur du Lycée Français de Koweït. J’ai passé les entretiens et j’ai accepté le poste sans trop hésiter.
Le 27 aout 2015, mon avion Qatar Airways atterrissait à l’Aéroport International du Koweit et je foulais le sol koweitien pour la première fois sous 47° Celsius.
Et moi, dans tout ça ?
La première année a été un peu compliquée : tout était très nouveau pour moi. Mon corps a eu du mal à supporter la météo. J’ai été malade toute l’année, entre la clim, la chaleur, le froid hivernal, les maisons mal isolées et les enfants, j’ai fait mon système immunitaire.
Je ne savais pas comment m’habiller : est-ce que je peux porter des jupes ? Est-ce qu’il y a un dress code ? Est-ce que les femmes peuvent sortir jambes découvertes ? Est-ce que je peux mettre des débardeurs ? Tout un tas de questions pour une seule réponse : je m’habille comme je veux. En fait, il n’y a pas de lois concernant la tenue vestimentaire des femmes, mais il y a des coutumes. Je ne porte que des jupes, un peu au dessus du genoux et je n’ai jamais eu de problèmes. Par contre, et j’imagine que c’est très personnel, je ne porte pas de débardeur à fines bretelles parce que je me sens mal à l’aise quand je sors habillée comme ça.
Quand j’ai passé mon entretien, le directeur de l’école m’a dit, vous allez voir, la vie au Koweit est douce et tranquille. Et trois ans plus tard, je confirme ses paroles : la vie au Koweit est douce et tranquille. Certains s’ennuient, moi non. Je mène une vie vraiment tranquille avec des habitudes de vie bien rodées et un confort que je n’aurais pas en France avec mon emploi. J’habite dans un appartement avec deux chambres en bord de mer, j’ai acheté ma voiture, j’ai un petit chat adorable, un métier qui me plait et assez de temps libre pour faire ce que je veux de ma vie.
Alors en effet, je ne sors pas tous les soirs, je ne vais pas à des afterwork, je ne me promène pas sans but dans les rues et je ne m’installe pas dans l’herbe dans les parcs pour pic-niquer ou bronzer. Mais si je commence à pointer tout ce que je ne fais pas, j’en oublie ce que je peux faire.
Je peux aller à la mer d’avril à novembre à peu près. Je peux conduire des voitures de luxe (oui, alors on apprend à s’intéresser à ce que la vie nous offre !). J’ai du temps pour développer des passions (par exemple ce blog, ou la couture). Et le plus important, je suis libérée du stress. J’ai assez de temps libre pour réfléchir à ce que je veux faire pour être une meilleure personne.
Je peux aussi profiter de la vie dans un pays ultra sécuritaire. A chaque fois que je prends le métro ou le train en France, je pense à la bulle de sécurité dans laquelle je vis. Au Koweit, on peut laisser portable et porte-feuilles sur les tables au café, quand on revient tout est à la même place. Je cours parfois à 4h00 du matin sans aucun problème, je n’ai pas peur. Je ne vis plus dans la peur ou dans le stress depuis que je suis au Koweit.
Au Koweit, on pratique la slowlife sans même connaitre le concept. Tout le monde roule vite mais chacun profite de chaque minute. On est en retard, mais ce n’est pas grave, chaque problème est réglé dans le calme, on se couche tard, on vit la nuit, on vit doucement quand il fait chaud et encore plus doucement quand c’est le ramadan. On passe des heures au café à profiter des heures qui passent et on va au restaurant à n’importe quelle heure.
Trois ans après avoir atterri au Koweit, j’aime mon rythme de vie. J’aime cette routine agréable. J’aime mon confort de vie et j’aime le fait de ne plus être stressée ou angoissée. Si c’était à refaire ? Je signerai le contrat une deuxième fois !